Biologie - Avril 1993
Le cerveau est inacessible car il est protégé par une barrière naturelle : la barrière méningée. Elle empêche que des variations de la concentration de certains composés chimiques dans le sang vienne perturber le fonctionnement du cerveau.
Pourtant passer cette barrière avec des médicaments serait essentiel pour traiter des troubles graves comme les maladies d'Alzheimer ou de Parkinson. Des équipes de chercheurs américains viennent de fabriquer des emballages moléculaires permettant de la franchir et de livrer leurs médicaments au coeur du cerveau. La barrière méningée est constituée par des cellules endothéliales qui tapissent les capillaires sanguins du cerveau. Alors que dans d'autres capillaires du corps ces cellules forment dans un rempart facilement traversable. Celles du cerveau forment un mur infranchissable sauf pour des transporteurs spécialisés comme ceux qui permettent au glucose de passer. Il existe aussi des minuscules canaux par lequel certaines molécules se frayent un passage. Mais pour des peptides (chaines de quelques acides aminés) ou des grosses protéines le poste de douane est fermé. Les méthodes classiques consistant à injecter ces produits directement dans le cerveau ou à forcer les canaux présentent des graves inconvénients. Heureusement une équipe de chercheurs de l'Université de Floride dirigée par Nicolas Bodor vient de réussir à faire traverser la barrière méningée à un peptide. Ils l'ont entouré d'une molécule de cholestérol et d'une sorte de perceuse moléculaire pour ouvrir le passage. Une autre équipe appartenant à une entreprise de biotechnologie, Alkermes, a réussi à attacher le facteur de croissance des nerfs (le NGF) à un anticorps dirigé contre un récepteur de la membrane des cellules de la barrière. Succès : le NGF (molécule susceptible de traiter la maladie d'Alzheimer) passe dans le cerveau des animaux traités. Ces chevaux de Troie moléculaires ouvrent de nouvelles voies pour le traitement de maladies dégénératives du cerveau.