Biologie - Novembre 1994
La vitamine C protègerait-elle les fumeurs des méfaits de la cigarette? Ce n'est pas évidemment pas certain. Mais ce n'est pas non plus une plaisanterie puisque le très sérieux journal "Science" a récemment posé la question en évoquant des travaux menés sur ce sujet à la fois en Allemagne et aux Etats-Unis.
On sait que la fumée de cigarette provoque des dommages graves sur les leucocytes, les globules blancs, qui assurent en particulier notre système de défense contre les microbes. Parmi ces dommages, on connaît l'emphisème qui est une dilatation excessive des alvéoles pulmonaires et l'artériosclérose, maladie de la paroi des artères, conduisant à leur durcissement. Car lorsqu'ils sont abîmés, les globules blancs se regroupent, collent aux parois des vaisseaux et risquent alors de boucher la circulation sanguine. D'autre part, l'oxygène contenu dans les radicaux libres de la fumée de cigarette provoque aussi des lésions sur les tissus. Il est donc essentiel de le détruire. Pour ce faire, la vitamine E est un élément précieux. Mais jusqu'à quel point? C'est là que les expériences menées à l'Université de Munich sur des rongeurs inhalant de la fumée de cigarette apportent quelques surprises. Ces expériences montrent en effet qu'une association de vitamines E et de vitamine C semblent protéger les rongeurs des lésions qui viennent d'être décrites. Or la vitamine E étant en principe sans effet sur le phénomène de regroupement des globules blancs, par déduction, on peut donc penser que c'est la vitamine C qui joue ce rôle inattendu et positif. Jusqu'à quel point? Là encore, la réponse n'est pas certaine. Et dans quelle mesure ces constatations pourraient-elles être étendues à l'homme? Il est encore beaucoup trop tôt pour répondre. A leur tour, des chercheurs américains d'Harvard, examinent les mécanismes. En rappelant toutefois que leurs études ne portent pas sur le cancer qui reste tout de même, rappelons-le, la maladie la plus grave provoquée avec certitude par le tabac.