Environnement - Janvier 1991
On a beaucoup parlé d'une autre et dramatique retombée possible de la guerre du golfe : une catastrophe écologique. Est-elle possible ?
La cause principale d'un bouleversement écologique régional éventuel (et non global) pourraient être les fumées résultant de l'incendie des puits de pétrole. Ces fumées contiennent des particules de suie constituées de carbone presque pur et capable d'absorber avec une grande efficacité la chaleur du soleil. Les experts ont calculé qu'un gramme de suie pouvait occulter les deux-tiers de la lumière solaire éclairant une surface de 8 à 10 m2. Or si les 300 à 400 puits de pétrole du Koweit brûlaient (ce qui est évidemment très improbable car les puits ne s'enflamment pas aussi facilement qu'on l'a dit) entre 500.000 et 3 millions de tonnes de fumées par mois seraient relachées dans l'atmosphère jusqu'à 25 km d'altitude. Certains spécialistes estiment qu'il faudra de 6 mois à un an pour éteindre ces incendies ce qui affecterait une surface importante de la région. En revanche la contribution à l'effet de serre sur le long terme serait minime. Ces données proviennent de calculs faits par les spécialistes de l'hiver nucléaire, une situation qui serait provoquée par des nuages de poussières et de fumée conduisant au refroidissement de la Terre en cas de guerre atomique. On sait aussi que de tels nuages résultant des grands incendies de forêts ou d'erruptions volcaniques ont créé des modifications climatiques importantes. Par exemple en 1915 lors des incendies de Sibérie ou en 1883 après l'éruption du Krakatoa. Les scientifiques craignent qu'un léger refroidissement du sol du Moyen-Orient conduisent à un changement du régime des moussons en Indes. Une période de sécheresse aurait alors de graves conséquences sur la production agricole de ce pays et sur des millions de vies humaines.