Environnement - Juin 1992
Notre appétit pour la viande est en train de mettre en péril la faune sauvage d'Afrique. Un beefsteak consommé à Paris ou à Londres crée des problèmes d'environnement au Bostwana.
Des scientifiques viennent de lancer un cri d'alarme à la suite de plusieurs visites et d'un rapport rédigé à la demande du gouvernement de ce pays. D'après eux des vastes régions du pays subissent les effets de l'élevage intensif du bétail. En quelques années cet élevage a connu un extraordinaire développement en raison des importantes subventions allouées par la Banque Mondiale et de l'accès privilégié au marché de la viande européen auquel est destinée la quasi totalité de la production bovine du pays. La conjugaison de ces deux facteurs a conduit à la situation explosive actuelle. Un tiers de la surface du Bostwana est allouée à la faune sauvage. Les animaux migrateurs comme les buffles, les zèbres ou les antilopes se déplacent régulièrement entre le désert du Kalahari, les marécages de l'Okavango et les verts pâturages du nord. Mais les hommes ont érigé une barrière infranchissable faite de 3000 km de clôtures disposées autour des zones d'élevage du bétail destiné au commerce de la viande. Le but, selon les réglementations européennes, est d'empêcher le bétail de contracter des maladies transportées par les animaux sauvages, comme la fièvre aphteuse. Résultat : les migrations naturelles ne peuvent plus se produire et pendant les périodes de sécheresse des milliers d'animaux meurent sur ces clôtures métalliques à la recherche d'eau. Cette situation doit inciter chacun à réfléchir aux conséquences d'une consommation trop importante de viande. Ses effets sur l'environnement, sur la consommation d'eau et d'énergie se font douloureusement sentir. Notre passion pour les grillades coûte cher non seulement aux pays en développement, mais aussi à la sécurité sociale par suite d'une consommation trop élevée de graisses et des maladies cardio-vasculaires qui en découlent.