Biologie - Octobre 1992
La douleur est essentielle à l'évolution des êtres vivants. Sans elle la survie des espèces serait compromise. Imaginez qu'on ne sente rien en mettant la main dans une flamme ! Mais la douleur reste mystérieuse et sa perception dépend de l'état de conscience.
L'explication des mécanismes de la douleur, les moyens de lutte contre elle, sa signification sociale et dans la vie artistique, voilà certains des thèmes d'une exposition ouverte hier à la Cité des Sciences : "la douleur, au delà des maux". Parmi les sujets passionnants qu'elle aborde l'un d'entre eux, le rôle des récepteurs morphiniques du cerveau est d'actualité avec la découverte d'une molécule naturelle antidouleur plus puissante que la morphine. On sait que les mécanisme nociceptifs (qui percoivent la douleur) peuvent être inhibés ou bloqués par l'action de molécules analgésiques (anti-douleur) dont la plus puissante est la morphine, un alcaloïde du pavot dont on fait l'opium et par traitement chimique l'héroïne. Or notre cerveau reconnait en interne ses propres molécules du bien-être. La morphine agit en se fixant sur des récepteurs naturels à la place de ces morphines internes. C'est pourquoi on les appelle des "endomorphines". Cette découverte réalisée il y a une quinzaine d'année permet d'expliquer par exemple l'action analgésique de l'acupuncture qui déclenche la production d'endomorphines. Mais on sait aussi bloquer l'action de la morphine par une autre molécule : la naloxone. Très récemment des chercheurs américains ont découvert, sécrétée par la peau d'une petite grenouille sud-américaine, une molécule 200 plus active que la morphine. Appelée épibatidine cette molécule anti-douleur n'est pas inhibée par la naloxone. Elle agirait donc par l'intermédiaire d'un mécanisme totalement différent. Plus étonnant encore elle comporte un atome de chlore ce ouvre la voie à des nouvelles classes de médicaments analgésique. Pour tout savoir sur la douleur : rendez vous à la Cité des Sciences.